Ce superbe musée abrite la collection d’Antonios Bénaki. Ce mécène grec qui a fait fortune dans le commerce du coton résidait en Égypte.
Il a fait l’acquisition de nombreux objets issus de fouilles, jusqu’à sa mort en 1954. Complété par des donations ultérieures, le musée expose aujourd’hui des œuvres magnifiques***.
Le musée est situé non loin de la place Syntagma et de la station de métro du même nom. Il est aménagé dans un splendide hôtel particulier à trois étages avec une façade en marbre et un coquet jardinet exotique.
Le hall d'accueil et le shop sont au diapason du reste de musée. C'est très spacieux et ordonné ave goût. Le shop lui-même contient des copies d'oeuvre d'art de grande qualité. Il faut avoir, pour les acquérir, un portefeuille bien garni.
Le seul reproche que l'on peut faire est le manque de cartes postales qui reproduisent les nombreux tableaux de peintures ou icônes, par contre les photos sans flash sont acceptées. Le respect scrupuleux de l’ordre chronologique vous permet de découvrir d’une salle à l’autre, les différents aspects de la civilisation grecque de la préhistoire à nos jours.
Les premières salles vous plongent dans la période la plus mystérieuse de l’époque grecque. Celle de la Grèce avant que les premiers Grecs envahissent le pays en venant de la Bulgarie actuelle.
Les statuettes que nous appelons « cycladiques » parce que c’est dans les Cyclades que l’on a trouvées les plus nombreuses et les plus belles nous fournissent des bribes d’une civilisation très avancée, plus ancienne que celle des Égyptiens, allant de la période de 3.200 à l’an 2.000 av. J.-C. |
Photo Michel Ledeuil : musée Bénaki |
Vous découvrez ainsi la belle déesse opulente, signe de la fécondité et les autres statuettes d’origine crétoise. Elles marquent de leur empreinte l’ère minoenne.
Les autres vitrines vous proposent des bijoux en or ciselé***, des vases de la période géométrique, contemporaine de la guerre de Troie (1250 av. J.-C.) et s’étalant jusqu’à la période homérique (800 av. J.-C.).
Photo Michel : musée Bénaki statuette de la déesse mère Géa |
Photo Michel : musée Bénaki objets de l'époque minoenne |
Photo Michel Ledeuil : statues cycladiques au musée Bénaki à Athènes |
Photo Michel Ledeuil : musée Bénaki fragments de statues grecques |
Les fragments de statues de l’époque classique, macédonienne ou romaine*, les bijoux, diadèmes et couronnes en feuilles d’or*** et d’autres objets découverts dans les tombes, sont très agréablement mis en valeur par la présentation soignée et par les éclairages.
Photo Michel Ledeuil : musée Bénaki objets de l'époque macédonienne |
Photo Michel Ledeuil : musée Bénaki coupelle avec centaure et une nymphe |
Vous passez devant les sarcophages de Nubie, pour découvrir, dans des salles très sombres, une série d'icônes de la période byzantine qui sont bien mises en valeur par des éclairages très soignés.
Photo Michel Ledeuil : icône représentant l'adoration des rois mages |
Photo Michel Ledeuil : icône d'origine byzantine |
Le premier étage est consacré à l’art grec durant « l’occupation étrangère » selon l’histoire rapportée par les Grecs. Il s’agit bien entendu de la période s’étalant de la fin du quinzième siècle jusqu’à la révolte de 1820 durant laquelle les Ottomans occupèrent tous les territoires de la Grèce actuelle.
Dans les nombreuses vitrines, sont exposés des costumes d’hommes et de femmes des différentes régions, des broderies, des bijoux, de lourdes ceintures qui ornaient la taille des femmes, des sculptures en bois, des gravures et surtout, la reconstitution d’une réception à Alexandrie** et celle de deux salles*** de maisons ottomanes.
Photo Michel ledeuil : vitrine du musée Bénaki qui reconstitue un interieur grec de famille aisée au début du dix-neuvième siècle |
Photo Michel Ledeuil : costume d'apparat |
Le deuxième et le troisième étage sont consacrés à la période tragique de la Grèce indépendante. Il s’agit de pages d’histoire qui marquent durablement les Grecs dans leurs âmes et dans leur haine des Turcs.
La lutte pour l’indépendance, avec ses effroyables massacres, ses actions téméraires sublimées, ses héros, ses trophées, est soigneusement mise en valeur au travers de peintures naïves, de tableaux ou de trophée pris à l’ennemi.
Photo Michel Ledeuil : musée Bénaki la fuite des partisans grecs |
Photo Michel Ledeuil : musée Bénaki l'appel à la révolte |
La dernière salle est consacrée à l’évocation des règnes des Rois Othon et Georges Ier avec, notamment, une très belle vitrine** qui présente les somptueux habits des suivantes de la Reine Olga.
La reine Olga, princesse d'origine russe a épousé alors qu'elle avait seize ans le roi de Grèce Georges Ier. Elle a vécu tous les malheurs de cette dynastie fragile, notamment après l'assassinat de son mari en 1913, puis par la déposition de son fils Constantin. Elle retourne en Russie mais c'est une Romanov et elle se retrouve prisonnière des bolcheviques en 1917, avant d'être libérée par l'intervention de la diplomatie danoise.
Elle revint en Grèce à la fin de la Grande Guerre et devient régente du royaume, mais elle doit fuir à nouveau la Grèce en 1922 lors de la Grande Catastrophe et finira ses jours en exil.
Photo Michel Ledeuil : musée Bénaki salle de la révolution et de l'instauration de la royauté |
Photo Michel ledeuil : la reine Olga |
Dans la même salle, un grand nombre de documents et de photos font allusion à la présence grecque dans la Grande Guerre, puis à la Grande Catastrophe en Asie Mineure. Cette épuration ethnique fomentée par Mustapha Kémal, entre 1921 et 1922, est passée, de manière surprenante, sous silence par les Occidentaux.
Et pourtant, le massacre de milliers de Grecs assiégés dans Smyrne et les centaines de milliers de familles expulsées de leur terre natale devrait marquer autant les esprits que le génocide pratiqué par les mêmes généraux contre les Arméniens.
Dans la même salle, un grand nombre de documents et de photos font allusion à la présence grecque dans la Grande Guerre, puis à la Grande Catastrophe en Asie Mineure.
Cette épuration ethnique fomentée par Mustapha Kémal, entre 1921 et 1922, est passée, de manière surprenante, sous silence par les Occidentaux.
Et pourtant, le massacre de milliers de Grecs assiégés dans Smyrne et les centaines de milliers de familles expulsées de leur terre natale devrait marquer autant les esprits que le génocide pratiqué par les mêmes généraux contre les Arméniens. |
Photo Michel Ledeuil : défilé des soldats grecs à Paris en 1919 |
Photo Michel Ledeuil : salade grecque sur la terrasse de la cafétéria |
Vous avez bien compris qu’il fallait prendre son temps pour visiter ce magnifique musée. Je vous conseille de prévoir une longue pause sur la terrasse de la cafétéria.
Vous profiterez du calme avec, devant vous, le Jardin National et les bruits apaisés de la rue qui remontent mollement de la grande avenue.
|
|
Photo Michel Ledeuil : L'acropole d'Athènes vue de l'agora grecque |