Louise de Prusse
Louise Augusta Wilhelmine Amélie est née en 1776. Elle était la fille de Charles II de Mecklembourg-Strelitz. Elle devint Reine de Prusse en 1797 quatre ans après son mariage avec le Prince Héritier Frédéric-Guillaume III et reste le symbole de la résistance à Napoléon et de l’identité nationale prussienne.
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Photo Michel Ledeuil : musée Waltraf-Richartz détail du portrait |
Ses origines
Louise Augusta Wilhelmine Amélie est née le 10 mars 1776. Elle était la fille de Charles II de Mecklembourg-Strelitz, prince héritier du Mecklembourg-Strelitz et lieutenant général de Hanovre, et de Frédérique Caroline Louise, princesse de Hesse-Darmstadt.
Elle n’a que 9 ans à la mort de sa mère et son père se remaria alors avec sa belle-sœur.
À partir de 1786, elle fut élevée avec sa sœur à Darmstadt, auprès de sa grand-mère, surnommée « la princesse Georges » qui appela auprès d'elles une gouvernante protestante de Neuchâtel (appartenant alors à la Prusse), mademoiselle de Gélieu, qui avait autrefois fondé un pensionnat en Suisse.
Elle parlait le français qui était utilisé entre les familles aristocratiques, mais elle parlait aussi le dialecte de la Hesse, ce qui étonna plus tard à Berlin, et son orthographe allemande laissait à désirer. Elle jouait du clavecin et de la harpe et dessinait. Toutefois elle fut une élève peu attentive, sauf en religion.
Louise de Prusse était réputée pour sa beauté qui n’est pourtant pas avérée lorsque l’on regarde le tableau qu’en fit la célèbre portraitiste Élisabeth Vigée-Lebrun.
Elle était vive, enjouée et déroge souvent à l’étiquette. Son espièglerie et sa jeunesse ont sans doute séduit le prince héritier Frédéric-Guillaume III de Prusse qu’elle épouse le 24 décembre 1793, à l’âge de 17 ans.
Il y a lieu de signaler d’ailleurs que Louise n’était pas l’aînée, mais le sixième enfant du couple et la troisième fille, encore vivante, au moment de son mariage. Les deux autres : Charlotte, de sept ans son aînée, et Thérèse étaient déjà mariées au moment où Louise convola avec le futur roi de Prusse.
La Reine de Prusse
Le symbole de la résistance à Napoléon
La quatrième coalition rassemblait l'Angleterre, le Russie, la Suède et la Prusse, mais trop pressée d'en découdre avec les armées napoléoniennes, la Prusse attaqua seule et beaucoup trop tôt.
Louise accompagna avec beaucoup de courage l’armée prussienne, au grand plaisir des soldats, mais après la bataille d’Iéna en octobre 1806, elle dut fuir devant les troupes de l’occupant. En décembre 1806, elle se réfugia à Koenigsberg où elle contracta le typhus.
Dans la Prusse humiliée par les défaites infligées par les troupes napoléoniennes, elle va vite devenir une idole. Elle est prompte à s’enflammer pour la cause allemande et ses réparties face au vainqueur, font le tour de l’Europe.
En juillet 1807, pendant la conférence de Tilsitt, elle obtint une audience auprès de Napoléon pour tenter d’adoucir les conditions imposées par le vainqueur.
Pourtant elle n’obtint rien pour son peuple meurtri, ni Magdebourg qu’elle réclame avec insolence à Napoléon lorsque ce dernier lui offre une rose, par courtoisie, ni le départ pour Paris du quadrige qui orne la porte de Brandebourg, ni l’obligation d’héberger et de nourrir les troupes des vainqueurs.
Une femme moderne et romantique
Louise de Prusse fut une femme moderne et romantique. Elle s’occupe de l’éducation de ses enfants car elle souhaite que ceux-ci disposent d’une culture qui lui fait défaut.
Elle tombe amoureuse, en 1802 du jeune tsar Alexandre Ier, alors qu’elle a 26 ans. Il faut dire qu’il est beau et sait faire les compliments qui touchent profondément la jeune reine.
Elle s’intéresse aux projets des conseillers de son mari : les Gneisenau, Scharnhorst, Von Steim et autre Von Humboldt. Après la défaite, elle les encourage, avec impatience, à relever la Prusse.
Ces généraux attendront cependant des jours meilleurs et l’armée prussienne rénovée sera présente à la bataille de Leipzig, en 1813, pour infliger une cuisante défaite au despote et conquérant français détesté.
Un peuple et un roi affligé par sa mort
La reine Louise n’aura pas le plaisir de connaître la chute ni même les premiers échecs des troupes françaises, elle meurt à la suite d’une infection pulmonaire, le 19 juillet 1810, dans l’affliction générale de la population soumise aux brimades des troupes d’occupation et aux enrôlements forcés.
Elle avait donné le jour à dix enfants dont sept lui survivront, parmi eux Frédéric-Guillaume et le futur empereur Guillaume Ier.
Dans le beau jardin de Charlottenburg, son mari, très affligé par la mort de sa femme adorée, fit construire un tombeau et un mausolée.
Louise et les artistes
Les deux soeurs par Schadow
Il s'agit de la statue de Louise et de sa petite sœur Frédérique, de deux ans sa cadette. L’artiste représente les deux sœurs affectueusement enlacées. Le regard de Louise, à gauche, se porte au loin et sa position respire la noblesse. La poitrine est opulente pour son âge, preuve que Schadow a travaillé à partir des jeunes femmes comme modèles.
Photo Michel Ledeuil : Les deux soeurs
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Photo Michel Ledeuil : Alte museum à Berlin. oeuvre de Schadow L'attitude de Frédérique est pleine de tendresse et de nostalgie. Elle est sans doute un peu jalouse de sa charmante sœur qu’elle adore mais qui a fait un plus beau mariage. Touchante, elle retient le bras de sa sœur et de l’autre, elle lui entoure à la taille.
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Portraits de Louise
Photo Michel Ledeuil : musée Waltraf à Cologne |
Ce tableau est exposé dans la magnifique galerie Waltraf-Richartz à Cologne.
Il s'agit d'un portrait posthume puisqu'il a été réalisé en 1879, soit plus d'une soixantaine d'années après la mort de la jeune et courageuse souveraine.
Ceci prouve combien cette jeune princesse, qui avait su tenir tête au despote français, restait une idole pour la Prusse triomphante. En 1879, la Prusse, qui a terrassé la France de Napoléon III, est devenue la plus grande puissance continentale.
Le tableau ressemble à un portrait officiel. La robe, avec la taille haute, est ornée d'un ruban selon la mode du temps et le bas est finement brodé d'or.
La reine est parée d'un manteau doublé d'hermine qu'elle a largement ouvert pour que l'on puisse admirer sa sveltesse.
Le visage conserve la beauté juvénile de la jeune femme. Le peintre n'a pas cherché à donner du mouvement, bien que Louise semble descendre un escalier d'un palais neo-classique, mais il a pu allier la grâce et la majesté.
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Le mausolée de Charlottenburg
Louise de Mecklembourg-Strelitz était très attachée au domaine de Charlottenburg, dans lequel elle aimait séjourner et se promener dans le vaste parc.
À sa mort, survenue en juillet 1810, son époux, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III resta inconsolable. Il décida de bâtir, au milieu du parc de Charlottenburg, un mausolée afin d'abriter le dernier repos de sa femme bien-aimée.
Le projet proposé par l’architecte Schindel fut adopté. Il s’agit d’un petit temple dorique, construit en 1810 par Heinrich Gentz. Ce mausolée fut ensuite agrandi plusieurs fois pour accueillir d'autres membres de la famille Hohenzollern.
L’intérieur du temple referme les pierres tombales sous la forme de gisants alors que les cercueils sont situés dans la crypte située au dessous du bâtiment.
photo Michel Ledeuil : extérieur du mausolée de Louise de Prusse |
Photo Michel Ledeuil : intérieur du mausolée des Hohenzollern |
Le tombeau de la reine Louise** a été sculpté par Christian Daniel Rauch en marbre de Carrare. Il fût terminé à Rome en 1815. Il représente la reine dans une pose peu conventionnelle, les jambes croisées.
La beauté des mains et du drapé, l’expression si douce du visage, rattrape le tout et contraste avec l’attitude figée des gisants de Guillaume Ier et de son épouse Augusta situés à proximité. |
Photo Michel Ledeuil : détail du gisant de Louise de Prusse |