Egtved (la jeune fille d'Egtved)
La jeune fille d’Egtved a vécu au Jutland à l'âge du bronze. Elle est morte en juillet 1.370 av. J.-C. Son tombeau enfoui dans un tumulus a été découvert en 1921. Son corps est aujourd'hui exposé dans le musée national de Copenhague.
- Introduction
- Le contexte historique
- La découverte du tombeau
- Mes impressions
- Le musée national de Copenhague
- La jeune fille d’Egtveg
- Le mystère de sa mort
- Illustrations
Introduction
À une époque couvrant 1.600 à 600 ans av. J.-C., les habitants du Jutland ont construit des sépultures sous ciste renfermant un sarcophage formé d’une partie de tronc de chêne sectionné par le milieu et excavée pour y placer le défunt.
Les tombes étaient enfouies dans des tumulus bas mesurant parfois trente mètres de longueur sur quatre mètres de hauteur. Le sarcophage de la jeune fille d'Egtved est un magnifique exemple des pratiques d'inhumation de cette période.
exemple de tumulus à chambre multiple réalisé à partir des années 3.250 av. J.-C. (maquette du musée de Gottorf à Schleswig) |
Le contexte historique
Lors de la dernière glaciation aux environs de 20.000 ans av. J.-C., les populations refluèrent vers le sud autour de la méditerranée où elles purent vivre de cueillette puis de la chasse.
C’est vers 3.500 av. J.-C. que les hommes venus du sud se mirent à cultiver la terre et élevèrent des animaux. Ils construisirent également les premiers dolmens recouverts de tumulus pour protéger leurs défunts.
À partir des années 2.500 av. J.-C., les fermes se firent plus nombreuses et se regroupèrent en hameau, ce qui prouve un développement important de la population. L’introduction de la roue permit de révolutionner les pratiques et de construire les premiers chariots pour se déplacer et commercer entre tribus.
Vers 2.000 av. J.-C., on construisit les premiers navires car les populations souhaitaient coloniser les terres situées plus au nord que le Jutland ou le Danemark.
Entre 1.600 et 600 av. J-C. une civilisation florissante se développe. Ceci est attesté par les nombreuses gravures rupestres datant de cette époque que l’on peut découvrir dans les régions situées au nord de Göteborg en Suède.
Elles représentent des scènes de labours, des troupeaux de bovins, des navires avec des rameurs, des moulins, des hommes en armes munis de hache…
La découverte du bronze, qui est composé d’un alliage entre le cuivre et l’étain, permet de construire de nombreux objets. Les premières armes en bronze qui ont été découvertes datent des années 1.500 av. J.-C.
On fabrique également des bijoux et de nombreux ustensiles qui viennent concurrencer les poteries.
De nombreux tombeaux inviolés datant de cette période ont permis de mieux comprendre la vie quotidienne, les breuvages dont étaient friands nos ancêtres, les colliers et bracelets dont s’ornaient les femmes.
La découverte du tombeau
La jeune fille d’Egtved a vécu en ces temps-là, puisqu’une datation récente fait remonter la date de son trépas à mai ou juillet 1.370 av. J.-C.
Mes impressions
J’avais été impressionné lors de ma première visite du musée national*** de Copenhague le 27 juin 1972.
Nous revenions d’un long périple qui nous avait conduits en voiture à travers le Jutland puis en Norvège après avoir traversé le Skagerrak en ferry.
Subjugués par la beauté des paysages des fjords, des grands lacs encore pris sous la banquise et des coulées bleutées de ce qui reste de la calotte glacière, nous étions passés à côté des gravures rupestres de Tanum*** sans y prendre attention. Nous nous sommes rattrapés lors d’un autre voyage effectué en juin 1978.
La jeune fille d’Egtved et ces gravures rupestres datent de la même période. À cette époque, Akhenaton et Néfertiti règnent sur l’Égypte et les Achéens envahissent le Péloponnèse et bâtissent les citadelles cyclopéennes de Mycènes ou Thyrinthe et réalisent de grandes tombes à coupole dont la plus belle est celle du trésor d’Atrée*** à Mycènes.
détail des gravures rupestres de Tanum en Suède |
tombeau à coupole : trésor d'Atrée construit par les Grecs Achéens à Mycènes |
La découverte de la civilisation méditerranéenne lors de nombreux voyages en Italie, en Sicile, en Grèce, dans les îles cycladiques, à Rhodes, en Crête, en Égypte, m’ont longtemps écarté de la civilisation scandinave jusqu’en 2009 où j’ai repris mes voyages en cette direction.
J’ai été très agréablement surpris des progrès qu’on fait les Danois pour retrouver leurs racines. Il n’y avait pas de traditions écrites à part quelques indications sur les pierres runiques mais qui correspondent à la période viking. Il leur fallait donc reconstruire leurs origines à partir de multiples interprétations en partant de la période viking puis pré-viking pour remonter jusqu’à la civilisation de l’âge de bronze.
Toutes leurs recherches sont condensées dans une magnifique galerie du musée national à Copenhague. C’est dans ce musée que repose aujourd’hui la jeune fille d’Egtveg.
Le musée national de Copenhague
Ce musée magnifique*** abrite une extraordinaire collection qui présente, de manière harmonieuse et didactique, les évolutions entre 10.000 ans av. J.-C. et le début de la période viking.
Ils partent du principe que le genre humain, qui a connu la dernière grande glaciation, est remonté du bassin méditerranéen vers le nord, au fur et à mesure que les terres étaient libérées par les glaces. La remontée a donc été très lente, mais constante.
Cette vision de l’évolution est aujourd’hui admise par tous. Seule l’adaptation nécessaire aux données climatiques a transformé, à la marge, le tissu social et les croyances.
Grâce à cette évocation, j’ai commencé à faire des parallèles entre les dieux vikings et les dieux grecs et les similitudes sont, à ma grande surprise, évidentes.
Dans chaque salle, les modes de vies, les premiers signes artistiques, les écritures phonétiques, les talismans, les habitudes funéraires sont traitées avec, fort heureusement, des preuves à l’appui. Il s’agit d’objets en bronze, puis en fer, des reconstitutions de tombeaux, avec les corps retrouvés en bon état de conservation dans le cercueil constitué dans un de grands chênes creusés, les squelettes d’hommes et d’animaux, les amulettes, des bijoux, des armes, des outils ou ustensiles.
La jeune fille d’Egtveg
Elle devait avoir entre 16 à 18 ans au moment de sa mort. Elle mesurait un mètre soixante. Elle était blonde avec des cheveux plutôt courts. Elle a été inhumée un jour d’été en 1.370 Av. J.-C.
Un lit de fleurs a été placé au pourtour du cercueil, avant que le corps de la défunte n’y soit déposé. Elle portait des vêtements d’une incroyable modernité. Une tunique très courte et une jupe portée en taille basse et laissant nus les genoux.
On avait déposé sur son ventre, une ceinture avec une grande boucle de bronze décorée de spirales et elle avait à son bras deux bracelets de bronze et une boucle d’oreille.
Dans un coin du cercueil, il y avait également un seau dans lequel était placée une sorte de mixture à base de bière.
Le corps est moins bien conservé que celui d’une jeune femme qui est exposée dans la salle précédente. Celle-ci dispose de tous ses cheveux longs avec les torsades, d'un beau visage momifié et de sa blouse longue.
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Photo Michel Ledeuil : La jeune fille d'Egtved |
Le mystère de sa mort
Les archéologues ne connaissent pas la raison de sa mort. Dans des textes publiés précédemment, il était précisé que la « personne devait avoir entre 18 à 25 ans » et que des os carbonisés, placés à ses côtés, étaient enroulés dans une étoffe.
Il est aujourd’hui prouvé que ces os appartenaient à un corps carbonisé d’un enfant qui devait avoir 5 ou 6 ans. Les mêmes restes d’enfant ont d’ailleurs été trouvés dans d’autres tombes.
Que faisait le corps de cet enfant dans le cercueil de la jeune fille ? Compte tenu de son âge, il est invraisemblable qu’il pût être son enfant. S’agit-il d’un sacrifice humain ? Un enfant chargé d’accompagner la défunte dans l’au-delà ou est-ce un enfant mort au même moment ? Mystère.
Illustrations
La jeune fille d’Egtved a inspiré une illustration de la section préhistorique du superbe musée situé dans le château de Gottorf à Schleswig.
Il me plaît cependant d’imaginer la vie de cette princesse, morte en pleine jeunesse. Elle courrait la lagune, faisait la cueillette de fruits sauvages et attendait d’avoir l’âge de se marier à un prince d’une autre tribu.
Sa tribu pratiquait l'élevage. Ceci est attesté par le fait que son corps repose sur une grande peau de bovin très bien conservée, ainsi qu'on peut le voir encore de nos jours dans le sarcophage de chêne.
Dans la photo de détail ci-dessous, on peut admirer la chevelure de le jeune fille dont la tête était légérement tournée vers la gauche.
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Photo Michel Ledeuil : évocation de la fille d'Egtved |
Photo Michel Ledeuil : reconstitution du vêtement de la jeune fille d'Egtved |
Photo Michel Ledeuil : détail du cercueil de la fille d'Egtved |
Photo Michel Ledeuil : oeuvre de Rudoph Tuner |
En 1891, vingt-deux sarcophages avaient déjà été répertoriés et bien d'autres ont disparu car les tumulus se sont affaissés avec le temps et ont été détruits par les cultivateurs. D'autres ont été pillés par des voleurs à la recherche de butin.
Une statue de l’inhumation d’une jeune femme** dans son cercueil de chêne, exposée dans le musée des Beaux-arts*** à Copenhague, me fait également pensé aux nombreux corps de jeunes femmes découverts à cette époque.
Ce monument funéraire a été réalisé en 1899 par Rudolph Tuner 1899 pour sa mère. La statue représente la défunte couchée sur le ventre. Son corps est tourné légèrement de côté. Elle a une longue chevelure en désordre, ramenée en partie sur son épaule droite. On a l'impression que le vent pourrait encore faire virevolter ses beaux cheveux blonds, malgré la mort qui l'a frappée. Les omoplates sont bien dessinées et les bras sont repliés sur sa poitrine que l'on devine sur la flanc gauche.
Le linceul, froissé, cache sa nudité et l'enveloppe jusqu'aux pieds. Il s'agit bien entendu d'un fantasme de l'artiste car les défunts étaient tous ornés des habits qu'ils portaient au moment de leur trépas.
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