Bouboulina
Bouboulina est née dans une prison à Istanbul en 1771. Après avoir quitté, à bord de son petit voilier, l’île d’Hydra dont est issue sa famille, elle s’installe à Spetsai où elle se marie à 17 ans.
Grâce à des héritages successifs et un commerce florissant, elle y fit fortune et fut une combattante active lors de la guerre de libération en 1821. Elle fut assassinée par une grande famille de Spetsai, les Koutsis.
Née en prison
Sa vie commence comme un roman d’aventures en 1771. Sa mère accouche dans la prison du château des sept tours à Constantinople, alors qu’elle venait rendre visite à son mari emprisonné et pour négocier sa libération.
Lascarina Pinotzis était donc la fille d’un armateur hydriote, mort en prison, condamné par les Ottomans pour s’être rebellé, à l’instigation des Russes, qui profitaient chaque fois que cela leur était nécessaire, du « levier » grec, pour prendre les Ottomans en tenaille.
Bien entendu, dès que le Tzar avait obtenu ce qu’il souhaitait, ou lorsque des événements sérieux comme l’attaque de la Russie par Napoléon survenaient, les Russes oubliaient leurs amis grecs.
La mère de Lascarina était ruinée. Elle se réfugia à Spetsai, s’y remaria avec un armateur. Lascarina vécut au milieu des intrigues, car sa belle famille n’a pas apprécié l’arrivée de cette hydriote, qui va récupérer une partie de l’héritage familial.
Néanmoins, à l’âge de 17 ans, elle épouse un capitaine spetsiote, Giannoutzas et l’accompagne dans de nombreuses expéditions maritimes, sauf lorsqu’elle se trouve enceinte, ce qui arrive, en dix ans de mariage, un certain nombre de fois. Elle a plusieurs filles et deux garçons.
En 1798, son mari est tué par des pirates barbaresques alors qu’il commerce en Méditerranée occidentale. Lascarina, qui ne reste pas longtemps inconsolable — d’ailleurs a-t-elle vraiment le choix ? — convole avec un autre capitaine : Bouboulis. Son mari est tué lui aussi par les pirates, sans doute renseignés par les Français qui confient aux Barbaresques le soin de couler les navires qui ne respectent pas le blocus imposé par Napoléon. |
photo Michel Ledeuil : Neo Kastro à Pylos |
Lascarina jouit dès lors d’une petite fortune et réalise, à chaque décès, un partage que ses ennemis ne considèrent pas très équitable.
Elle possède ses propres chantiers navals, une flotte de bricks et de goélettes qu’elle renforce en 1821 par une forte corvette, l’Agamemnon sur lequel elle place son pavillon.
Comment se fait-il que le Pacha ferme les yeux sur cette construction « hors norme », car pour éviter que les marins grecs ne soient trop puissants, les Ottomans imposent des dimensions très strictes. On peut penser que Lascarina savait payer, en monnaie comme en nature à chaque fois qu’il le fallait.
Il en sera de même lorsqu’elle est arraisonnée avec une cargaison de contrebande, par les Français, le long de la côte Adriatique, il en sera de même lorsqu’elle aura besoin des services de l’ambassadeur Russe à Constantinople.
Son fils aîné l’accompagne dans ses expéditions. Avec son escadre, elle participe dès le début, au blocus qui va aboutir en 1821 à la prise de Nauplie. Ce sont ses marins qui vont l’appeler la Capitana Bouboulina. C’est ainsi qu’elle va rester dans l’histoire.
Après la guerre de course, elle va participer à la prise de Tripoli et est tenue aux yeux de l’Histoire comme responsable, au même titre que Kolokotronis, des effroyables massacres qui eurent lieu lors de la prise de la ville.
Pour chaque Turc égorgé ou rôti, pour chaque Turque violée et tuée, pour tous les pillages réalisés à Tripoli, Ibrahim Pacha le fera payer au centuple, lorsqu’il sera chargé de nettoyer le Péloponnèse par le Sultan.
Bouboulina va perdre son fils tué lors d’une embuscade. Kolokotronis perdra le sien, tué dans une embuscade, tendue par d’autres Grecs ; ceux qui représentent les politiciens, ceux qui veulent négocier, ceux dont le métier est de s’enrichir en prenant les meilleurs places du nouvel État et non en combattant les Turcs.
photo Michel Ledeuil : musée Hadziyannis Mexis à Spetsai |
Après la guerre de course, elle va participer à la prise de Tripoli et est tenue aux yeux de l’Histoire comme responsable, au même titre que Kolokotronis, des effroyables massacres qui eurent lieu lors de la prise de la ville. Pour chaque Turc égorgé ou rôti, pour chaque Turque violée et tuée, pour tous les pillages réalisés à Tripoli, Ibrahim Pacha le fera payer au centuple, lorsqu’il sera chargé de nettoyer le Péloponnèse par le Sultan.
Bouboulina va perdre son fils tué lors d’une embuscade. Kolokotronis perdra le sien, tué dans une embuscade, tendue par d’autres Grecs ; ceux qui représentent les politiciens, ceux qui veulent négocier, ceux dont le métier est de s’enrichir en prenant les meilleurs places du nouvel État et non en combattant les Turcs.
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Bouboulina reste à Nauplie et sombre dans la débauche et dans l’alcool. Sa fille qui avait épousé le fils de Kolokotronis, s’enfuit avec un aventurier et la spolie.
Lorsqu’elle rentre à Spetsai pour tenter de reconstituer une fortune, pour revenir secourir Kolokotronis et poursuivre la lutte, elle est tuée le 22 mai 1825, par un membre de la famille Koutsis, alors qu’elle tentait de protéger la fuite de son fils et de la fille Koutsis qu’il avait séduite.